Tous les articles par Marc MannevY

Maison Vide


Dans la maison vide,
le silence impavide
remplie l’espace.
Les Murs saignés de rides
accroche un éphéméride
illustré d’un rapace.
Une odeur fétide,
non éclaircie, homicide
et tiédasse.
Le sol invisible, oxyde
les traces morbides,
jonché de paperasse.

Castells


Castells, Lego humain,
empilement de fragilités
qui veulent toucher le ciel,
les racines portent les familles,
la soudure solidaire se transforme
en métal indestructible,
l’édifice est une maison
accueillant une voix
pionnière d’une escalade
qui aspire.

Maté


Con quien bolear ?
délicieux caviar,
d’une main désignant
la feuille couvrant
le chemin sacré des Incas,
maté de coca.
Liquide fluorescent,
apaisant les sens,
regard aussi doux
que celui d’un Tatou.
Con quien bolear ?
délicieux caviar.


Gauguin pensait que l’artiste doit rechercher le symbole, le mythe, agrandir les choses de la vie jusqu’au mythe… Alors que Van Gogh pensait qu’il faut savoir déduire le mythe des choses les plus terre à terre de la vie. En quoi je pense qu’il avait foutrement raison. Car la réalité est terriblement supérieure à toute histoire, à toute fable, à toute divinité, à toute surréalité. Il suffit d’avoir le génie de savoir l’interpréter.

Antonin Artaud

Arrêt cardiaque


Disparaître du jour au lendemain,
emporté par une crise cardiaque,
ne pas résister, écouter son cœur
s’en remettre à son destin.
Partir, lâcher à mi-chemin,
par surprise, succomber à l’attaque
faire mentir le bookmaker,
abandonner le réveil-matin.

Théâtre


Super directrice du théâtre,
tu m’as poussé à quitter la scène,
moi, ballon en manque d’hydrogène,
je suis devenu bleuâtre !

J’ai consulté un psychiatre
quand toxiques et vaines,
tes remarques mitogènes
ont achevé de me battre.

le Chirurgien


Après un rapide examen,
il me tranche, me recoud
comme un vieux sac à main.
Avec précision et sans dégoût,
il coupe le lien,
dans le cuir , il perce, il troue.
Dans ses mains, suis-je humain ?

Vincennes


Vincennes hors champ,
parieurs Parisiens vociférants,
d’autres l’air confiant,
3 cavaliers au coude à coude.
Des tribunes, surplombant
la piste des « élégants »
se mêlent aux résidents
dans une odeur de junk-food.
La tension en un instant,
craignant le mors aux dents,
suspend son parcours excitant,
avant que la rumeur sourde.
Figeant l’espace-temps,
se muant en boucan,
bousculant, raillant, mixant
l’ironie des faubourgs.

La Pravda


Ta vérité c’est la Pravda,
tu me racontes ce que tu veux,
ton horizon, ta ligne, ta voix
ne permet aucun désaveu.
Tu affirmes, tu abats
tes cartes et ton jeu,
officier ! Je suis ton soldat,
sans ciller, je fais feu.

GPS


Surveillance en temps réel,
pour ton bien, je me souviens.
Je sais où tu es, ton parcours habituel,
l’empreinte de tes mains,
ce que tu caches dans ton sac-poubelle,
la date de tes vaccins,
ta gestuelle, ton penchant « rebelle »,
tes dessins et tes refrains
préférés et secrets,
c’est l’anniversaire de quelqu’un,
je te le rappelle
aujourd’hui ou demain.

Mouchard glissé dans ma poche,
micro-espion auto-alimenté,
sans résistance, ni reproche,
j’accepte de m’espionner.

Absent


Absent, évanescent, transparent,
disparaître, non-être ni connaître,
finissant, fuyant et vacillant,
s’évaporer avec vue sur mer,
Oubliez-moi !

Versification


Un petit vers quotidien,
un vers satanique,
un vers solitaire,
un vers éveillé,
un vers sale,
un vers « soul »,
un dessous de vers,
un vers pour la route,
un vers d’absinthe,
un vers citronné,
un vers jus,
des vers,
un vers de trop,
et sur le dernier vers, je cale…

Gabin


Sur les grands boulevards,
on n’aime que les drames,
dans une pose figée sur le quai
ou sirotant à petite dose au troquet,
le caviar d’Audiard,
laconique et bavard
balancé comme un pamphlet
dégusté comme du petit-lait.

Cinéma lucide et bichrome,
dialogues fluides et royaume
de Gabin héros ou bien gigolo…
Gabin héros ou bien gigolo,
Gabin héros ou bien gigolo.

L’orgueil de ces yeux là !
clin d’œil encanaillé à toute la smala,
pour l’acteur qui a une grande gueule,
aboyeur de romance et tirailleur,
Paname au Printemps, le temps des « Javas »,
chanson de Prévert et Kosma,
voix écorchée du gouailleur
et la mort du con-voyeur.

Questionnaire de Proust


Ma vertu préférée.
Le tolérance, si j’veux !
La qualité que je préfère chez un homme.
Le panache, la noblesse, le duende.
La qualité que je préfère chez une femme.
La créativité.
Ce que j’apprécie le plus chez mes amis.
Leur absence.
Mon principal défaut.
L’orgueil, je n’en démords pas ! Arrogant et donneur de leçons, français quoi !
Mon occupation préférée.
Lire, écouter, jouer, écrire, comprendre les mystères de la musique.
Mon rêve de bonheur.
J’ai des rêves de bonheur pour mes enfants, pour moi c’est égal.
Quel serait mon plus grand malheur ?
Mourir après mes enfants.
Ce que je voudrais être.
Diego el Cigala, Wilko Johnson, Lalo Schifrin, Neil Armstrong…
Le pays où je désirerais vivre.
Le sud de l’Espagne.
La couleur que je préfère.
Le gris multichrome.
La fleur que j’aime.
L’oiseau que je préfère.
Le Toucan.
Mes auteurs favoris en prose.
Frederic Exley, Caryl Férey, James Joyce
Mes poètes préférés.
Mes héros dans la fiction.
Mes héroïnes favorites dans la fiction.
Mes compositeurs préférés.
Gainsbourg, James Brown, Ray Charles, The Clash.
Mes peintres préférés.
Gustave Doré, Pablo(never got called an asshole) Kiki & Loulou Picasso.
Mes héros dans la vie réelle.
George Orwell
Mes héroïnes dans l’histoire.
Plats et boissons préférés.
Coquille Saint-Jacques, Pata Negra y Zacapa 23.
Ce que je déteste par-dessus tout.
Le fatalisme
Personnages historiques que je méprise le plus.
Le fait militaire que j’admire le plus.
Les hommes fous et généreux qui ont participé aux brigades internationales pendant la guerre d’Espagne.
La réforme que j’estime le plus.
Le don de la nature que je voudrais avoir.
Comment j’aimerais mourir.
Lorsque je l’aurais décidé !
État d’esprit actuel.
A moitié énervé…
Fautes qui m’inspirent le plus d’indulgence.
La faute d’orthographe.
Ma devise.
Dieu merci, c’est vendredi !

Paresse


Paresse, délicieux moment,
caresse du temps,
nostalgie de l’enfant
protégeant le monde,
de ses assaillants.

Arythmie, contretemps,
caprice élégant,
rébellion précipitant
des rêves entêtants
vers le néant.

Je baille !


On me parle de films danois,
de digital-sauce, des intellos-souverains…
Je baille !
De séries Heroïc-Fantasy ,
de cuisine bio, de nouveaux parfums…
Je baille !


Seulement, elle ne l’oublierait pas !
…Il est ainsi des pardons accordés par l’esprit que le cœur ne ratifie point.

Roland Barthes

Les Mains


Il n’y a que les mains qui parlent…
Les oreilles ne sont pas fiables,
les yeux effleurent,
la bouche goûte,
il n’y a que les mains pour voir
et apprendre…

Douleur


La douleur:
fourmillante, frémissante,pulsatile,piquante,perçante, vrillante, térébrante, coupante, tranchante, déchirante, lancinante, pinçante, mordante, tenaillante, brûlante, cuisante, vibratoire, urticante, exquise, sourde, harassante, nauséeuse, suffocante, débilitante.