Tous les articles par Marc MannevY

Pantanal


Pantanal, doux règne animal
où la vie n’est que fruit ou poison,
orgueil végétal
où le citadin perd la vision,
sommeil hiémal,
jusqu’à l’abrasion
révélateur sans rival
de ton abandon.

Vrai


Marre du vrai, de l’authentique,
de l’approuvé, du volontaire,
vrai question, vrai sentiment,
vrai énergie, vrai ambition,
vrai création, vrai force,
vrai-vrai,
tant d’insistance pour exprimer une vérité c’est suspect,
vive le faux !

Mers les Bains


Air électrifiant, super-iodé,
regonflant les vieux pneus parisiens,
brisant l’émail des dents,
toutes voiles dehors, giflé.

Mer laiteuse, furieuse,
suaire en dentelle sur vert céladon,
respire, sors de ta banlieue !
succombe aux lèvres aguicheuses.

Potosí


Dans les nuages de l’Altiplano,
4700 mètres, sur le « cerro rico »
de l’air pur, bien trop rare,
comme un poisson hors de l’eau.

J’aspire ou je rends,
el tío recrache l’argent,
sans coca, une barre,
l’Inca blanchie les dents.

Dynamité comme un jouet,
par des ados sourds-muets
creuse un trou, un couloir,
offrant une prière, un souhait.

Le cercueil de Tignous


Le cercueil de Tignous,
étendard graphique, mystique
s’affiche en totem,
sort de la rubrique tragique,
funky requiem, poème
de larmes aigre-douces.

Heureux enterrement
plein du duende, noblesse
et dessins,
clin d’œil à ceux qui restent,
à toi ! je passe la main
hasardeux règlement.

Jour nouveau


Est-ce bien un jour nouveau
ou bien hier plus quelques heures ?
Une course sans repos
une fuite en avant, la peur ?
Une offre, un cadeau,
une désillusion programmée, une erreur ?
Une aventure, un renouveau,
un accès au défibrilateur ?
Comique de répétition du caudillo
ou nouvelle série, nouveaux acteurs ?

Chat effrayé


Ce matin, je me suis réveillé
effrayé et dangereux comme un chat
pris au piège, agressif et cerné,
la nuque tendue, aux abois,
yeux froissés, pupilles dilatées,
membres sous tension, crachats,
le poil hérissé, asséché,
blême, air d’un furieux paria.
Quel mauvais rêve contrarié
m’aura valu cet éveil-là ?