Archives de catégorie : Emotion

En attendant de ne plus être…

Devenir bleu


Bleu comme ce nouveau-né qui veut respirer, bleusaille,
viande à maturer avant de devenir avariée.
Devenir bleu !

Bleu comme la trace laissée sur ton cou de ces dents qui doivent mordre, béat, innocent ou idiot. Devenir bleu ! 

Crème Solaire


Les odeurs de crème solaire,
me conduisent tout droit,
vers une vision singulière
soulignée en gras,
s’immisçant sans mystère
dans les plis des bras,
des jambes, des barrières
en tissu, en soie.
Ne renonçant… À ma résurrection,
Ni panda, ni coléoptère, ni lion,
Je veux revenir sous la forme de crème solaire,
En spray, en bombe, en lotion,
Dans l’air comprimé , libéré dans une explosion
de particules sans frontière,
se glissant sur tous les fronts,
sur les peaux sans distinction,
n’acceptant que l’épiderme pour relation,
évitant la matière.

Flacons


Glaçons ou tessons,
et toutes ces boissons,
en fin de nuit,
trop illuminée.
Rendons aux flacons
le manque de passion,
pour faire du bruit
dans l’escalier.

Paradis


Putain de paradis,
Classe moyenne sans moyen,
dettes de déterrés,
gueules sans lendemain,
à vie sans illusion,
sans poésie,
putain de paradis.

Boulot


Je suis au boulot,
il n’est que 9h27,
assailli de mémos,
je souris, suis sec.
Faux semblant, politesse de façade
et gueules confites,
je mens, m’emmerde déjà
à un point critique.

Om me demande d’être performant,
souriant, énergique.
Je comprends abrutissant,
aliénant, maléfique.

Pantanal


Pantanal, doux règne animal
où la vie n’est que fruit ou poison,
orgueil végétal
où le citadin perd la vision,
sommeil hiémal,
jusqu’à l’abrasion
révélateur sans rival
de ton abandon.

Mers les Bains


Air électrifiant, super-iodé,
regonflant les vieux pneus parisiens,
brisant l’émail des dents,
toutes voiles dehors, giflé.

Mer laiteuse, furieuse,
suaire en dentelle sur vert céladon,
respire, sors de ta banlieue !
succombe aux lèvres aguicheuses.

Potosí


Dans les nuages de l’Altiplano,
4700 mètres, sur le « cerro rico »
de l’air pur, bien trop rare,
comme un poisson hors de l’eau.

J’aspire ou je rends,
el tío recrache l’argent,
sans coca, une barre,
l’Inca blanchie les dents.

Dynamité comme un jouet,
par des ados sourds-muets
creuse un trou, un couloir,
offrant une prière, un souhait.

Le cercueil de Tignous


Le cercueil de Tignous,
étendard graphique, mystique
s’affiche en totem,
sort de la rubrique tragique,
funky requiem, poème
de larmes aigre-douces.

Heureux enterrement
plein du duende, noblesse
et dessins,
clin d’œil à ceux qui restent,
à toi ! je passe la main
hasardeux règlement.

Jour nouveau


Est-ce bien un jour nouveau
ou bien hier plus quelques heures ?
Une course sans repos
une fuite en avant, la peur ?
Une offre, un cadeau,
une désillusion programmée, une erreur ?
Une aventure, un renouveau,
un accès au défibrilateur ?
Comique de répétition du caudillo
ou nouvelle série, nouveaux acteurs ?

Chat effrayé


Ce matin, je me suis réveillé
effrayé et dangereux comme un chat
pris au piège, agressif et cerné,
la nuque tendue, aux abois,
yeux froissés, pupilles dilatées,
membres sous tension, crachats,
le poil hérissé, asséché,
blême, air d’un furieux paria.
Quel mauvais rêve contrarié
m’aura valu cet éveil-là ?

Paris


Paris toujours et encore,
comme une seconde peau,
ailleurs ou ici
elle vous qualifie,
puissant ressort,
de vous en dévot.

Identité mystique
que l’on ne peut cacher,
aimant qui vous plaque,
vous dessine, claque
indélébile classique
empreinte de pied.

Poison


Quel poison a-t-on mixé à leurs cornflakes,
pour n’être ni moi, ni on, mais ex ?
Enfants suicidaires,
crime sans appel d’air,
gamins sans rêve
aux « no future » virtuels,
échoués sur les plages sèches d’un écran,
papillons, licornes ou dauphins sur les flancs.

Naturel


Beauté naturelle,
défauts providentiels,
non calibré, ni formaté,
doux oreiller,
léger strabisme,
heureux prisme,
sourcils et duvets
élégance soufflet,
fluide et ternaire
dessert mystère.