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En attendant de ne plus être…

Infranchissable


Il y a loin de la coupe aux lèvres,
de la couleur à la saveur,
de mes mains à tes reins,
de mon sang à ta sueur.

De la glace à la fièvre,
des images aux capteurs,
des abeilles en essaim,
de l’obscur à la lueur.

Mêmes mèmes


Les mêmes séries,
les mêmes images,
mêmes sons, mêmes couleurs,
mêmes fringues,
mêmes parfums,
cuisines et sondages,
les visions, les humeurs,
mêmes bringues,
mêmes refrains,
les mêmes mèmes,
les mêmes mèmes,
les mêmes mèmes.

Huissier


Tu me parles gris,
courrier d’huissiers,
tu m’ennuies,
tu m’asphyxies.

Tu m’influences,
lettre de relance
en négatif,
en violence.

Tu m’humilies,
commission d’intervention,
cruels bataillons
de « chefaillons ».

Tu m’écrases,
des liasses de menaces,
ternes
et tenaces.

Sous les doigts


Les larmes vous suivent
et vous poursuivent,
elles vous inondent et vous noient,
fondent sous les doigts.

Impossible de les retenir,
de les suivre,
elles s’échappent, humilient
et vous sanctifient.

Glisse


Juste une goutte d’eau
avec un peu d’amertume
bu au goulot
léger comme une plume,
acide pomelo
et Cookie’s Fortune,
dispendieux tableau
puissant agrume,
la nuit au cachot
fumée brume,
glisse l’atome
et devient écume.

Ralenti


Tout tourne au ralenti,
300 images/seconde
étirées au maximum.
Je plane, je m’élève, je m’enfuis,
la gravité de la sonde,
l’insouciance à son summum.

Piment


Piment, piment,
fais-moi souffrir
brûle-moi les dents,
allume ma salive,
déclenche un volcan.

Piment, piment,
fais-moi pleurer
donne-moi une gifle,
je veux cracher,
que mes oreilles sifflent.

Piment, piment,
plante-moi un clou
dans la langue,
caresse moi la joue,
du cuir d’une sangle.
_____________________
Todos me dicen el negro, llorona
Negro pero cariñoso
Yo soy como el chile verde, llorona
picante pero sabroso

Objets cultes


Objets cultes, objets « vintage »
G3PO, pulls, vieille vaisselle
désastre régressif, si peu réel,
flou de bord, cuttin’ edge.

Parfois faux, faute de goût
au passé addiction,
rediffusions, réélection
repisse du son, le chat mou.

Banquier


Il me sert la main pour me tordre le bras,
une accolade et il me vide les poches,
de son sourire, l’animal à sang froid,
balance des triples-croches,
des liasses, feuillets par trois,
siffle de fausses notes
de constricteur avec sa proie.

Vénusté


Ombre dansante affiche une vénusté
troublant le jeune tango,
de sa tête hésitante et rythmée
pourfend l’air comme une faux
habile session ouvragée
fascine le perdreau,
puis en un instant le piquer
et le rendre idiot.

Vieillir


Emietter ton sourire,
aussitôt picoré par un moineau,
les yeux tuméfiés jusqu’à bleuir,
tel le boxeur après un KO.

Une main glacée arrache tes cheveux,
découvrant une peau sèche,
des vallées et des monts crayeux,
et ton âme percée d’une flèche.

Orgue Hammond


Pourrait-on m’expliquer, quel animal est enfermé et asservi à l’intérieur d’un orgue Hammond ?
Doit-on faire des sacrifices rituels pour obtenir ces sublimes sons de ce bazar à émotions ?

La vague


Nous sommes la vague,
portés par l’onde,
le creux devient cime,
le fond devient crête
roulant jusqu’à l’écume,
pour s’écraser sur le sable
lisse et brillant,
touchés par la lumière.

Beige-beige


De sa bouche carmin sur neige,
une petite mouche posée sur lèvre,
s’échappe des mots rouges qui sèchent,
usés jusqu’aux couches vermeilles.

De la souche se répand la sève,
axiome du boucher et de l’étiquette,
crêpe, gouge, lait maternel,
farouche et roquette.

La gravité des sentiments


Plus léger qu’un ballon ou lourd et ancré comme un pylône, quelle est la gravité des sentiments ?
L’amour comme un gaz ou comme un liquide ?
La haine est-elle plus dense que la jalousie ?
Le bonheur est-il solide ?
Taux de diffusion du mensonge ?
L’incertitude est-elle une pluie ?
Peut-on déplacer un morceau de bravoure ?
La fierté peut-elle rebondir ?
Peut-on se noyer dans le découragement ?

Acier


Je voudrais percer ton blindage,
ouvrir ton coffre,
déboulonner ta porte,
déchiffrer ton code,
ton acier, comme un feuillage
touffu, sans offre,
lié par une colle forte,
loin, aux antipodes.

Ses propres maux


Il est difficile, de chanter
ses propres maux,
compliqué, de psalmodier
sa vérité,
osé, se lamenter
du présent, du passé,
exaspérant, de se croire
intéressant, pleurnichant,
creux, avec des yeux
de veau.

Poings


Combien de vieux démons,
ais-je combattu dans mon sommeil ?
A———————-
Assassin sous tension,
poignets tordus jusqu’au réveil.
Grrr——————-
Grincement de dents, sons,
fantôme mis en échec.
M———————-
Mains endoloris, glaçons,
je creuse la tombe, la pelle !
S———————-
Chien de fusil, extensions,
contractions d’un corps sec.

Mélange Onctueux


Le temps et la nuit forment un mélange onctueux.
Alors que le jour, il est compté, fractionné,
concassé en un tas de petites pierres dures,
le temps diurne blesse.
On le perd, on court après, on en manque,
il est l’ombre
et la nuit n’a pas d’ombre.

La nuit d’ennui


Si tu t’ennuies la nuit,
dors, fais le mort !
Prends appui sur ton lit,
use les ressorts,
plie les draps sans schéma,
regarde ce qu’il y a au fond,
loin à l’horizon, au delà
tu trouveras ton wagon.

Gifle


Si c’était possible,
je giflerais les cieux
sans rater ma cible,
abattrais ma main sur le vieux.

Comme un missile,
sans me bander les yeux
sur la bible,
je claquerais ce mafieu.

A-U-Ri


A… Hu… Ri,
surpris au point de paraître idiot,
délicieusement déconnecté,
lent patient atteint d’oreiller.

Récréatif endormi,
sur le point de se coucher tôt,
originellement embrassé
par les jours fériés, sablé.

Le brouillon


Enregistrer le brouillon,
conserver l’écume,
l’inachevé comme option,
la peau ou les plumes.

Ne pas effacer le crayon,
le trait sans amertume,
le dessin d’une saison,
sans espérer la lune.

Le navire sombre


Voiles folles sans direction,
souffle brûlant le pont,
craquements sourds et profonds,
lambeaux d’explosions,
happé comme un glaçon
dans un verre sans fond,
chahuté comme un crayon
par une inspiration sous-tension.

Le navire sombre,
sombre le navire.